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La vie cachée des politiques – Episode 1 :...

Edito #6

18 juillet 2016 Commentaires (3) Vues: 7377 Article

Reportage photo: Bolivie

Reportage photo un peu exceptionnel ce mois-ci. Deux témoignages : celui de Tanguy, le photographe, français et expat en Bolivie ; et celui d’Ariane, sa compagne bolivienne. Deux points de vue qui se complètent l’un l’autre, viennent nous raconter leur Bolivie et mettre des mots sur ces images à couper le souffle. 

Tanguy

Andes et Amazonie, hauts plateaux et jungle. La Bolivie se découpe ainsi, en extrêmes s’exprimant par le gigantisme. Deux séjours de six mois m’ont permis peu à peu de saisir l’importance de ces écarts. Educateur spécialisé depuis près de dix ans, j’ai bénéficié d’un parcours professionnel me permettant de jouir de moments de liberté que j’ai pu dédier au voyage sur de plus ou moins longues périodes. L’Europe de l’Est, la Polynésie et enfin l’Amérique du Sud, du moins juste ce pays qu’est l’Etat Plurinational de Bolivie.

J’ai atterri à La Paz lors de mon premier séjour, n’ayant qu’une idée fantasmée de ce territoire et de ses peuples, afin de travailler au sein de deux orphelinats en tant que coordinateur de volontaires européens. Cette mission m’a permis de me familiariser avec la langue dans un premier temps, puis d’approcher les diverses cultures et mentalités présentes. Décrire La Paz (et la Bolivie) serait un exercice de style complexe si je voulais en dresser un portrait fidèle et complet. Je vais néanmoins essayer de vous restituer tout d’abord mes impressions en proposant une description physique de La Paz que mes photos tenteront d’illustrer, avant de présenter les différents paysages et espaces qui constituent cet endroit du monde, et qui ont fait grandir ma passion pour ce pays.

La Paz

La Paz, ou Nuestra Señora de La Paz, capitale administrative de Bolivie, s’étale sur plus de 1000 mètres de dénivelé, et culmine en son plus haut point à 4100 mètres d’altitude. L’Altiplano, plaine d’altitude grande comme plusieurs régions francaises, s’ouvre à cet endroit comme une vasque, tel un immense canyon lui même entouré au loin de hauts sommets éternellement enneigés, dont le somptueux Illimani culminant à 6438 mètres qui est l’emblème de la ville. En somme, une ville en pente… ou en montée, au choix. Et sa ville jumelle, El Alto, s’étalant en arc de cercle autour de la Paz, sur l’Altiplano, au nord et à l’ouest de la vallée.

Tanguy-Bossy-Poppers_Mag-14A elles deux, ce sont 2,5 millions d’âmes, ce qui en fait l’ensemble urbain d’altitude le plus important au monde. Enchevêtrement de maisons en briques rouges qui vomit les dévers abrupts du canyon, avec en son fond le centre-ville, réuni autour d’une seule grande artère, tel un fleuve bordé de gratte-ciels colorés. Grande avenue barrée en contrebas par trois grands ponts joignant les différents quartiers, eux-mêmes séparés par d’autres canyons plus petits. Ces ponts marquent la frontière avec la “zona sur”, quartier riche et résidentiel. Hauts quartiers et bas quartiers s’inversant, les classes sociales élevées en bas, bénéficiant d’un climat plus clément, et les classes populaires en amont, jusqu’à El Alto, où les températures peuvent être extrêmes. Ce qui fappe malgré tout, c’est la proximité de ces quartiers, qui peuvent être rejoints en une demi-heure en voiture, ou en 20 minutes en téléphérique. Dans ce laps de temps, vous pouvez donc passer de 20 degrés à des températures nettement inférieures voire négatives. Depuis deux ans, trois lignes de téléphérique sont en service, survolant la ville et défiant ses dénivelés vertigineux. Six autres lignes verront le jour dans les années à venir. Moyen de transport de haut vol qui offre aux passagers des panoramas uniques et époustouflants (désolé pour le nombre de superlatifs utilisés).

La ville en elle-même pourrait être décrite comme un joyeux bordel coloré. Carrefour des cultures boliviennes, La Paz est néanmoins de culture Aymara, population précolombienne du pourtour du lac Titicaca, situé à deux heures de route ; bien que l’ethnie majoritaire soit celle des Quechuas, présente sur tout l’Altiplano. La Paz revendique cette culture et cet héritage. Les différences culturelles entre ces deux populations ne sont pas abyssales, mais la langue et la manière de se vêtir diffèrent en bien des points. Je rappelle que la Bolivie reconnaît 36 langues officielles et ethnies, d’où le nom “d’Etat plurinational”. Les ethnies les plus répandues sont les Quechuas (Altiplano), les Aymaras (Titicaca, La Paz) et les Guaranis (Amazonie bolivienne, brésilienne et paraguayenne). Se rencontrent donc à la Paz, carrefour inter-ethnique, toutes les dominantes de la culture bolivienne, ses modes de vie, alimentaires, religieux… De la Paz, nous sommes à 2 heures du lac Titicaca, 3 heures des Yungas (zone humide, maraîchère descendant jusqu’à la jungle), et à 6 heures de la jungle amazonienne. Ceci expliquant cela…

Le lac Titicaca

Pour vous donner un ordre d’idée, cette mer intérieure à cheval sur la Bolivie et le Pérou est grande comme 55 fois l’étang de Berre, à 3800 mètres d’altitude. Ce lac a vu se succéder diverses civilisations parfois encore très peu connues, alimentant ainsi la magie du lieu. Proposant terres arables, élevage et pisciculture, rien d’étonnant à ce que les hommes s’y soient installés. L’immensité du lieu, ses couleurs et la Cordillère Royale le jallonant sont un spectacle permanent.

Le Salar d’Uyuni et les déserts du Sud Lipez

A 600km au sud de La Paz, toujours sur l’Altiplano, qui est en soit une aventure visuelle et sensorielle à traverser, se trouve le Salar, mondialement connu pour ses paysages. Grand désert de sel constellé d’îles peuplées de cactus, cette étendue salée est grande comme 70 étangs de Berre, pour garder la même valeur étalon. Au sud du Salar, un désert, encore plus grand… Pas de sel ici, juste des pierres, des zones fumantes de souffre, des lacs animés où les flamants roses tâchent des eaux rouge vif (la Laguna Colorada) ou verte (la Laguna Verde).

Des agences de tourisme proposent des périples en voiture tout-terrain sur 2 ou 3 jours, permettant de parcourir ces étendues arides, froides et dépourvues de la moindre végétation, hormis quelques plantations de quinoa ou des herbes rases, nourriture de base des rares lamas et vigognes clairsemant les lieux. Les écarts de températures sont impressionants entre le jour et la nuit, notamment sur le Salar, où la réverbération pousse le thermomètre à 20 degrés la journée, avant de baisser la nuit à 10 ou 15 degrés en dessous de zéro, parfois jusqu’à moins 40 l’hiver.

L’été ou devrais-je dire la saison humide, la température ne différant que peu, le Salar se revêt d’une pélicule d’eau de quelques centimètres, transformant le sel en miroir parfait, le ciel et le sol s’unissant dans les bleus et les blancs. Sous le Salar et à proximité, se trouve la plus grande partie des réserves mondiales de lithium… Espérons qu’elle y restera. Au nord du Salar, en bordure de la ville d’Uyuni, un cimetière ferroviaire est le vestige des exploitations minières de Potosi, proposant aux photographes des esthétiques surprenantes.

Tanguy-Bossy-Poppers_Mag-4Potosí

Entre La Paz et Uyuni, à 4100m, toujours sur l’Altiplano. Potosi fut à une époque la ville la plus peuplée d’Amérique du Sud. De 1545, sa création par les conquistadors, à la fin du XVIIème siècle, des quantités colossales d’argent et ensuite d’étain (qui est toujours extrait aujourd’hui) furent sorties de mines gigantesques creusées dans la montagne au pied de laquelle se trouve la cité. Il est dit qu’avec tout ce qui fut extrait, il eut été possible de construire un pont d’argent reliant Potosí à Madrid. Ce fut aussi le tombeau de plusieurs millions de travailleurs et esclaves, exploités pendant deux siècles. Différentes sources s’accordent pour avancer le nombre effarant de 5 millions d’âmes.

La ville en soi ne présente pas d’intérêt majeur, hormis la multitude d’églises et les visites des mines organisées, très malsaines selon moi. On vous propose moyennant finance d’y descendre voir les ouvriers travailler, pour leur offrir alcool et feuilles de coca. Certes, cela rapporte un peu d’argent à leur communauté, mais une visite au zoo aurait le même effet. L’idée de descendre avec des mineurs dont l’espérance de vie excède rarement 40 ans, travaillant avec les moyens décrits par Emile Zola, avec à mes pieds des chaussures de marche représentant un mois de leur salaire, pour enfin leur filer trois feuilles de coca et un coup de gnôle ne m’a jamais attiré.

Tarija

Plaines agraires du sud de la Bolivie, proposant un climat continental semi-aride, terre viticole et équestre faisant la fierté de nombreux Boliviens. Des vignes, de la chaleur, de l’humidité, et de la joie. La population ici, tout comme celle de l’Amazonie, est bien plus avenante que peut paraître celle des montagnes et de l’Altiplano. Festival gastronomique et musical, à vivre.

Oruro

Toujours sur l’Altiplano, petite ville de 50 000 habitants voyant sa population décupler lors du Carnaval, seul réel intérêt ici, si tant est qu’il vous plaise de vous alcooliser 6 jours durant, dans le froid et parfois la pluie, dans une ribambelle de couleurs et de danses. Danses folkloriques aussi nombreuses que le nombre d’ethnies boliviennes, elles ont fait rentrer le Carnaval d’Oruro dans la liste du patrimoine culturel de l’UNESCO. Diablada, Morenada, Saya, Caporal, Cueca, Tinku et j’en passe… Toutes les classes sociales sont présentes, et c’est un honneur de danser.

Les Yungas

Au Nord de La Paz, dont l’accès se fait par la célèbre “Carretera de la Muerte” (Route de la Mort). Du moins plus depuis 4 ans où un itinéraire goudronné mais plus long a été construit. Il est néanmoins toujours possible de l’emprunter, pour le plus grand bonheur des promeneurs, mais surtout des cyclistes. En effet, qui ne rêverait pas d’une descente à vélo de 3500 mètres de dénivelé, entre 5000 et 1500 mètres ? Partir d’une zone froide et désertique pour arriver au sein d’une forêt tropicale en 3 heures…

Quand je vivais à la Paz, et que le froid se faisait trop pressant ou pesant, une virée à Coroico en deux ou trois heures de colectivo s’imposait régulièrement. Trouver de la chaleur, mais surtout des arbres et de la végétation, presque totalement absents à la Paz du fait de l’altitude était bien plaisant. Dans cette zone sont cultivés fruits et légumes, ainsi que la coca, sacrée et sanctifiée. Décrire la coca, son importance culturelle, politique et sociale prendrait des pages entières. Ce que je peux toutefois en dire, c’est qu’elle est présente dans beaucoup d’aspects de la vie quotidienne et religieuse, qu’elle fédère, soigne. Elle alimente aussi par bien des points la corruption du pays par les dérives et le narcotrafic qu’elle peut engendrer.

Beni, Madidi, Amazonie

Au nord des Yungas, toujours en descendant, l’Amazonie. L’Amazonie bolivienne représente presque un tiers de la surface du pays (je vous passerai la comparaison avec l’étang de Berre cette fois-ci) au nord et à  l’est de la Bolivie avec des parties entièrement vierges et protégées.

Le Parc Madidi est une réserve au sein de laquelle il est possible de partir en expédition, que ce soit au sein même de la jungle (Selva), ou dans les mangroves (Pampa). Des heures de pirogues, des caîmans, des oiseaux, des singes, des serpents et des moustiques, Rien de nouveau dans la jungle me direz-vous, mais j’y ai vécu ma première expérience avec l’Amazonie, et ce fut une belle rencontre. La plupart des expéditions sont proposées depuis la ville de Rurrenabaque, capitale bolivienne du hamac. Le reste de la jungle bolivienne n’étant pas développé pour le tourisme, il est trés compliqué de s’y rendre. Vous pouvez toutefois tenter l’aventure de deux semaines en bateau, entassés dans des hamacs afin de rejoindre le nord de la Bolivie, jusqu’à Riberalta.

Tellement de choses à dire, de paysages à décrire, de rencontres à raconter, et j’ai l’impression de n’avoir ici que survolé les sujets. Mais c’était aussi un peu le but ; un survol, une présentation des écarts, des extrêmes. La Bolivie se vit, comme tout pays. Tant d’éclairage à fournir pour en saisir la saveur, et ce ne serait toujours pas assez. J’espère néanmoins avoir dressé un portrait assez net de la diversité visuelle proposée par la Bolivie. Je n’ai pu aborder que ce que j’ai pu voir, c’est à dire peu à côté de ce qu’il me reste à découvrir. Je laisse le soin à Ariane, ma compagne, rencontrée à la Paz et avec laquelle je pars y vivre, de décrire elle-même son pays, sa politique et sa culture.

Une dernière chose : quelqu’un a dit un jour que l’on apprend à connaître un pays par sa musique. Je vous laisse donc quelques références musicales à découvrir : Los Kjarkas, Ernesto Cavour, Luzmilla Carpio, Atajo, Wara, Los Canarios del Chaco, Savia Nueva, Lucas…

Ariane

Quand je pense à la Bolivie, une mosaïque de couleurs me vient immédiatement à l’esprit, le pays  regroupant de nombreuses ethnies et cultures ne consistant pas en une seule nation, mais plusieurs, ayant chacune sa propre identité. Les couleurs sont une évidence. Et si la Bolivie est un pot-pourri de peuples, La Paz, l’endroit où j’ai habité toute ma vie, est une ville où l’on peut clairement voir la force souveraine de cette identité agir parmi les citoyens, au cœur de ce labyrinthe versatile de rues et de traditions. Impossible de mentionner la capitale bolivienne sans penser au mélange hybride de cultures qu’on y croise chaque jour de manière tout à fait naturelle. Cet aspect est si fort pour les habitants de la ville, “los collas”, qu’il est difficile d’imaginer la réalité d’une autre manière.

Dernièrement, La Paz a été l’épicentre de changements cathartiques dans l’identité du pays. Une grosse partie de ce processus, voire son intégralité, est due au gouvernement d’Evo Morales et au type de gouvernance “indigéniste” appliqué ici depuis 10 ans. Cela dit, il s’agit d’une question épineuse et le problème reste bien plus complexe qu’il n’y paraît, même pour les boliviens. Certains soutiennent le mouvement que nous vivons dans le pays (“proceso de cambio” comme l’appelle Evo Morales), d’autres pas. Il semble qu’en dehors du pays, beaucoup de choses ont été dites et entendues à propos de la Bolivie, de La Paz, de leur identité, de leur gouvernement, de leurs paysages, de leurs couleurs, du chaos et des gens. Mais comment voyons-nous la Bolivie, et plus particulièrement La Paz, de l’intérieur? Après quelques mois passés à l’étranger, je peux dire que le changement de perspective est un excellent moyen d’approfondir ces concepts. C’est donc à mon tour de faire de mon mieux et de décrire certains aspects de la Bolivie que je juge importants.

Tanguy-Bossy-Poppers_Mag-17On pourrait commencer, comme on l’a fait, par dire que la Bolivie ne consiste pas en une seule nation, mais plusieurs, réunissant une grande variété de peubles. Environ 36 ethnies, ce qui signifie 36 cultures différentes, chacune ayant sa propre langue et ses traditions, chacune possédant une identité propre, mais toutes vivant ensemble. C’est la raison pour laquelle tous ces peuples sont reconnus en tant que nation et la Bolivie inscrite en tant qu’état plurinational. Il semble donc important de commencer par la diversité culturelle et ethnique plutôt que par l’espace géographique qui les contient. Entre l’immense variété culturelle originelle et les restes de l’époque coloniale, il est difficile de trouver un bolivien qui ne soit pas le résultat d’un mélange hybride et complexe de traditions. Cela peut paraître prétencieux mais je n’ai vu aucun endroit où se cotoyaient des cultures aussi contrastées. On trouve dans les Andes des gens aux caractéristiques fortes, marqués par le climat froid tout autant que par la longue histoire de conquêtes coloniales qu’ils ont traversée ; dans la jungle, des peuples amazoniens, plus ouverts que les andins, sans doute du fait de la chaleur et de la végétation luxuriante ; les gens de la vallée et de “chaco”, plus influencés par la conquête européenne, mais également très portés sur la tradition ; sans oublier le Sud du pays qui baigne dans un climat doux et chaud qui ressemble aux gens qui y vivent.

La Paz, capitale administrative abritant le gouvernement, est un endroit spécial particulièrement coloré. De sa topographie à ses microclimats, différents dans chaque quartier ; de son dénivelé et de son altitude (de 2500m au dessus du niveau de la mer à 4000m) ; de ses marchés qui offrent toutes sortes de produits et de couleurs ; de son mélange unique de langues résultant de l’aymara traditionnel (langue ancestrale de ceux qui peuplaient les pourtours du lac Titicaca) et de l’espagnol… Ce chaos harmonieux fait de La Paz une ville dans laquelle on ne s’ennuie jamais et où il y a toujours quelque chose de nouveau à voir. La plupart de ses habitants ont des origines très diverses. On retrouve dans leurs us et coutumes mais aussi dans leur manière de faire la fête (toujours très présente dans la ville) cette identité forte, si caractéristique des “collas”. Un mix parfait entre traditions locales et étrangères. Il y a là plus de parades folkloriques que de jours dans l’année! et leurs rituels sont exécutés par tous : les riches comme les pauvres. De la célébration d’un anniversaire à la construction d’un nouveau bâtiment, tout s’accompagne de magie et de rites si fortement ancrés qu’il a été difficile de les modifier avec le temps et le puissant système socioéconomique qu’on trouve partout aujourd’hui. J’ai eu le privilège de grandir dans la classe moyenne, ce qui m’a permis de vivre à l’abris du manque mais aussi d’observer tous ces petits contrastes, ceux-là même que ma génération tente de comprendre afin de faire sens de son identité nouvelle : ni complètement traditionnelle, ni occidentale. Ma génération a le sentiment d’être un assemblage complexe de ces deux mondes et nous savons qu’il est de notre devoir de réconcilier les différences que nos aînés se sont appliqués à renforcer.

Parmi tout ce que La Paz doit encore traverser, étant donné son caractère si spécifique, voire surréaliste, se tient le fait qu’en tant que bastion du gouvernement, elle est au cœur d’un vaste processus de changement depuis 10 ans et la montée en puissance d’un parti qui se revendique “indigène” et “progressiste”. Le président actuel, Evo Morales, a commencé son premier mandat par des changements forts dans tout le pays, certains dont il a conscience, d’autres pas ; certains bons, d’autres plus questionables. En tant que premier président indigène du pays, il a changé les perceptions concernant ce qu’il pouvait se passer en Bolivie. Il en a renforcé l’identité indigène et ancestrale et d’une certaine façon, il l’a remise sur la carte.

Beaucoup de choses ont changé au cours de la gouvernance d’Evo Morales mais avec le temps, son discours s’est essoufflé. Des tâches d’ombre sont apparues dans le modèle administratif du pays. Cela fait 10 ans que Morales a remporté sa première élection présidentielle et cette année, il a soumis au referendum populaire une proposition visant à modifier la constitution du pays qui lui permettrait de se présenter pour un terme supplémentaire (son 3ème). Les résultats négatifs du vote et le débat qui fut généré au cours des semaines précédant le referendum nous montrent que le président bolivien n’est plus aussi populaire qu’il l’était à ses débuts. La participation politique de la jeunesse a grandi. Pas seulement dans la rue, mais aussi d’une manière plus officielle à travers des sous-groupes qui produisent bien plus de matière politique à l’intérieur des partis (programmes radio, fanzines, groupes de débat, etc…). Il y a ceux qui supportent le gouvernement actuel, et d’autres, comme moi, qui pensent que, si au départ la montée en puissance d’Evo Morales était une bonne manière d’enclencher un processus de changement plus que nécessaire, il est maintenant temps que de nouvelles idées et propositions fassent leur apparition. Ce phénomène ne se cantonne d’ailleurs pas qu’à la Bolivie. On retrouve des problématiques similaires dans presque tous les pays d’Amérique du Sud et l’évolution de cette tendance devrait tenir une place de choix dans les années à venir1. Nous sommes à un point de rupture. La Paz, en tant qu’épicentre de tout ce remue-ménage, se tiendra au premier rang de ce processus.

Aborder la situation politique, culturelle et sociale de mon pays n’est pas chose aisée. Ces sujets mériteraient une ou plusieurs thèses et tenter de décrire La Paz est souvent un challenge. Il faudrait sûrement beaucoup de café et une longue après-midi à parler confortablement au soleil pour que je puisse dépeindre un portrait plus précis de ma ville. Mettre des mots sur La Paz est une chose complexe. Si je devais me contenter d’un conseil rapide aux visiteurs, ce serait de garder l’esprit grand ouvert. Il est presqu’impossible de dire ce que vous trouveriez à marcher dans ses petites rues. Mais je suis sûre que cela constituerait une expérience hors norme pour tous ceux qui sont prêts à tenter l’aventure.

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Photos : Tanguy Bossy

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Références

  1. plus de détails sur ce sujet ici.

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3 Commentaires - Reportage photo: Bolivie

  1. senigallia dit :

    magnifiques et très agréable de vous lire bisous

  2. Bossy dit :

    Excellente description et très bonnes photos.
    Bravo

  3. Bast dit :

    Très poétique et intéressant, très pertinent aussi. Je vis aussi à La Paz et je me suis retrouvé très rapidement dans sa description. Jolies photos !

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