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Ma première garde à vue, 2eme partie : la...

26 octobre 2015 Commentaires (1) Vues: 4904 Article

Reportage Photo : Sénégal – Gambie

A l’approche des fêtes de fin d’année, tu te demandes sûrement s’il n’existe pas un échappatoire au traditionnel repas de famille et aux remarques fascisantes de tonton Bernard qui te les brise chaque année. Poppers Mag a la solution pour toi. Nous sommes allés à la rencontre d’un nouveau photographe de talent, Nelson, qui nous a raconté son réveillon de Noël 2013. Son histoire commence une dizaine de jours avant le 24 décembre, à Dakar.

En effet, Nelson et son amie avaient décidé de partir en terre africaine pour le mois de décembre, un voyage qui les amèneraient à traverser le Sénégal, remonter le fleuve Gambie, pour finir par remonter jusqu’à Dakar, soit une belle boucle. Leur but étant de s’imprégner au maximum de la culture et des populations locales, nos deux aventuriers n’allaient pas suivre les sentiers battus par nombre de touristes club médiens qui ne s’éloignent jamais trop de leur cocktail et des plages de sable fin.

Le voyage commence donc à Dakar mais ne s’y attarde pas. Passés les premiers éléments d’un urbanisme colonial contrastant avec le mode de vie africain et les chauffeurs de taxi à la coule, Nelson et son amie commencent à longer la côté pour descendre en direction de M’bour, petit port de pêche. Les voyages se font en collectivos, ces taxis ou bus bondés qui ne partent que lorsqu’il n’y a plus aucune place à l’intérieur ou à l’extérieur du véhicule. Les premiers moments hors de la grande capitale leur permettent enfin d’être confrontés à des locaux plus ou moins chaleureux. L’occasion de dresser un premier bilan. Tout d’abord, la contre-façon est un art en Afrique. Les sénégalais les plus pauvres osent les parures les plus bling-blings pour avoir l’air plus riches. Cela donne parfois lieu à des scènes cocasses allant du vieillard à fausses Ray Ban exibant son cash devant une affiche de l’Euromillion local, à un jeune pensant porter les dernières lunettes à la mode alors qu’il est affublé de mauvaises lunettes 3D tout droit sorties de nos salles de cinéma climatisées. Tout cela ne recouvre bien sûr pas une misère banale qui n’empêche cependant personne de continuer à vivre plus ou moins normalement.

Nos deux jeunes français poursuivent ainsi leur route vers le sud et arrivent finalement à Joal-Fadiouth aux alentours de Noël. Cette petite ville est un îlot catholique isolé dans un pays majoritairement musulman. Idéal pour passer les fêtes de Noël puisque c’est potentiellement le seul endroit du pays à célébrer la naissance du Christ. Une atmosphère étrange règne dans la ville. Joal-Fadiouth est connue pour son cimetière, posé sur une petite île dont le sol est uniquement constitué de coquillage. Endroit mystique au possible. Le soir venu, les réjouissances démarrent. Au menu, messe de minuit interrompue par une petite vieille nue, visiblement en transe, puis les djembés prennent la relève, soutenant des représentations vivantes formidables de la naissance du Christ avec une Marie noire. Nos reporters intrépides assistent donc à un mélange merveilleux de cultes coloniaux et locaux, une réinterprétation géniale de rites européens à la sauce païenne dont l’Afrique a le secret.

Les fêtes terminées, nos amis reprennent la route vers la Gambie. A bord des collectivos, sur des routes de sable, ils passent un poste frontière minable, cabanon de paille, et commencent à remonter vers le nord. Puis, Nelson et son amie repassent du côté sénégalais. Le trajet donne lieu à quelques moments frissons, comme cette panne d’un collectivo transportant deux chèvres en fin d’après-midi au milieu du parc naturel de Niokolo-Koba où le lion est roi.

Une dernière étape importante attend les deux français avant la remontée vers Dakar. Près de la frontière gambienne se trouve un village isolé, accessible seulement après 2h de marche. Il s’agit d’un village Bassari, ethnie ayant résisté tout au long de l’histoire à l’esclavagisme et à l’islamisation du reste du pays. Leur isolement leur a permis de préserver des traditions animistes ancestrales. Nos deux français sont accueillis là-bas à bras ouverts. On ne leur demande pas d’argent mais ils peuvent participer financièrement s’ils le souhaitent. Il faut savoir que ces ethnies ne sont pas aidées du tout par l’état sénégalais ou gambien. Ils ne subsistent que par leurs récoltes et quelques échanges marchands avec les villages alentour. Après deux jours passés en pleine nature, avec les Bassaris, Nelson et son amie remontent doucement vers Dakar pour finir leur voyage.

Ces quelques semaines leur laissent un goût doux-amer en bouche. Comme souvent sur ce continent, le constat des ravages de l’occident sur des cultures et des paysages magnifiques déchire un peu le coeur. Que ce soient ces contre-façons de Ray-Ban, de maillots du FC Barcellone, ou encore le fait qu’on ne puisse pas acheter d’eau sans se retrouver avec des bouteilles estampillées par les logos de Nestlé ou Coca Cola, il semble que l’oeuvre de notre civilisation occidentale sur ce continent n’ait été que destruction et domination. On retiendra cependant beaucoup de positif comme le montrent ces clichés: le sourire et la vie dans les yeux de ces enfants, cette assimilation et réinterprétation africaine de nos coutumes, ce Noël endiablé au rythme des djembés mais aussi la résistance de ces villages Bassaris et de tout un tas d’autres ethnies qui laissent penser que l’espoir est possible en Afrique aussi.

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Photos : Nelson Valbrun

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Un commentaire - Reportage Photo : Sénégal – Gambie

  1. cafecoifshop dit :

    L’espoir est possible en Afrique et ailleurs. De telles photos qualitatives à souhait, tant en couleur, cadrage et subtilité de floutage en arrière plan (et je n’y connais rien en image !) mais qui par leur perfection donnent une envie de les regarder dans leurs détails jusqu’à pouvoir imaginer le voyage virtuel à travers elles. Quant au récit, il est subjuguant et recherché mais si vrai et si pur que ces instants rapportés ne sont que du pur bonheur. N’ayant malheureusement ni le temps , ni le cran de partir à l’aventure et ramener de tels souvenirs , je veux bien me nourrir de plaisir en suivant les reportages photographiques de ces 2 aventuriers dont la carrière de reporter est certainement tracée. Merci merci merci pour ces moments exotiquement lumineux qui méritent d’être partagés.

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