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Amérique Latine : L’axe du mal – Chavez et...

La vie cachée des politiques – Episode 1 :...

6 juillet 2016 Commentaires (3) Vues: 6983 Article

Amérique Latine : L’axe du mal – Les héritiers de Chavez

“Les révolutions ressemblent moins à des Escalators sans fin qu’aux vagues qui déferlent sur le rivage. Elles se dressent, avancent, paraissent suspendues dans leur mouvement, puis retombent, avant de se lever à nouveau.” Alvaro García Linera, vice-président de la Bolivie – Sept leçons pour la gauche, Le Monde Diplomatique – Janvier 2016

Si nous parlions, dans l’article précédent, de l’importance et de l’influence de l’histoire sur notre présent, un autre aspect avait jusqu’ici été laissé de côté. Il s’agit de la circularité des mouvements révolutionnaires. A dire vrai, le mot “révolution” lui-même prête à confusion puisque sa définition scientifique première décrit un mouvement circulaire et périodique. L’histoire nous montre d’ailleurs bien souvent que ces mouvements politiques ont une fâcheuse tendance à s’essouffler et à revenir à la case départ. Et force est de constater, dans le cas de l’Amérique du Sud, que le constat de l’après-Chavez est un peu amer. Preuve en est : le numéro de janvier 2016 du Monde Diplomatique consacre tout un dossier à ce qui semble être l’essoufflement d’un mouvement qui aura fait rêver les progressistes et les gauchistes du monde entier pendant près de 20 ans. Car si désormais les regards sont tournés vers Podemos en Espagne, Nuit Debout en France ou le DiEM de Varoufakis, nul doute que des échecs de Syriza en Grèce en passant par le succès inattendu de Bernie Sanders aux primaires démocrates américaines, tous ont été portés et influencés d’une manière ou d’une autre par la révolte anti-impérialiste et anti-capitaliste sonnée quelques années plus tôt par le Venezuela de Chavez puis par nombre d’autres pays d’Amérique du Sud.

Trois ans après la mort du président vénézuélien, et alors que les frères Castro semblent s’adoucir peu à peu face aux efforts consentis par Obama, il aparaît important de se poser la question de l’héritage révolutionnaire laissé par cet homme et son socialisme dit du XXIème siècle. Car on le sait, d’autres figures fortes ont émergé au début des années 2000 en Amérique du Sud et semblent avoir été taillées plus ou moins à l’effigie du modèle politique et révolutionnaire d’Hugo Chavez. Viennent tout de suite à l’esprit : Evo Morales, Rafael Correa, Nicolás Maduro ou même José Mujica (le cas du brésilien Lula m’étant moins familier et prêtant un peu à confusion ces derniers temps). S’il est évident que tous ont un parcours politique et un bilan bien particuliers, ils sont historiquement parlant les héritiers d’un mouvement initié par Hugo Chavez.

Et si ce mouvement perd aujourd’hui de la vitesse, les causes sont à chercher ailleurs que dans la mort un peu soudaine d’un de ses leaders. A l’heure où une partie de l’Europe s’apprête à marcher dans les traces de ces pays andins (ou inversement proportionnel, dans les traces laissées par les schlagues néo-nazies en Autriche par exemple, voire même en France…), il semble primordial de se pencher un peu sur ce laboratoire d’expérimentation politique et sociale qu’est l’Amérique du Sud depuis plus de 15 ans, d’en comprendre les forces, mais aussi et surtout, les erreurs afin peut-être d’en briser la circularité, la régularité historique et de le faire passer un cap.

Le but ici sera donc de rappeler quelques faits marquants de l’évolution politique et historique de ces pays afin de comprendre où ils en sont aujourd’hui et les nouveaux challenges qu’ils s’apprêtent à affronter. Car si ce phénomène semble s’étioler quelque peu de nos jours, il est important d’en comprendre les raisons, d’en analyser les erreurs.

Bolivie et Equateur – Morales et Correa

PoppersMag_Heritiers_Portraits_OKSi le mouvement a commencé avec Hugo Chavez, il est réellement devenu un phénomène avec l’élection d’autres chefs d’état révolutionnaires. Les premiers et les plus similaires au cas Chavez sont bien sûr Evo Morales en Bolivie et Rafael Correa en Equateur. Dans les deux cas, les points communs avec le voisin vénézuélien sont nombreux même s’ils suivent chacun un modèle bien particulier.

Election démocratique à la tête d’un nouveau parti 

Avant toutes choses, il s’agit de mettre fin à un bruit ambiant très agaçant : Morales et Correa, tout comme Chavez, ont été élus de manière démocratique. Ce qu’il faut bien comprendre cela dit, c’est le contexte dans lequel ils sont arrivés au pouvoir. Avant leur arrivée, l’Amérique du Sud baignait dans une grande instabilité, marquée par des cycles politiques relativement brefs, passant de la fin de dictatures violentes au Consensus de Washington qui préconisait à ces pays des politiques néolibérales brutales1. Celles-ci, n’améliorant en rien la situation économique désastreuse des populations de ces pays, ont fini par amener des mobilisations populaires d’une ampleur exceptionnelle qui expliquent le fait que les victoires électorales actuelles se soient stabilisées. Les Correa, Morales and Cie ne sont donc pas apparus par magie mais bien parce qu’un contexte historique déplorable leur avait laissé une ouverture. Ils sont tous arrivés dans des circonstances diverses à la tête de pays ravagés par des décénies de politiques néolibérales dures.

Autre point qu’il est indispensable de souligner : nous avons affaire à des gouvernements démocratiquement élus, stables, de gauche révolutionnaire, n’ayant pas été renversés par des coups d’Etat. C’est là un phénomène relativement nouveau en Amérique latine 2 qui s’explique par une conjoncture économique favorable liée au boom des matières premières qui prend son origine dans la croissance chinoise, élément primordial sur lequel reviendrons. Morales a été élu à 53,7% des voix en 2006 et Correa à 56,8% des voix un peu plus tard la même année. Ils ont tous deux été réélus depuis. Autre similarité avec leur coreligionnaire vénézuélien : ils ont été élus à la tête de nouveaux partis. C’est donc un bouleversement total de la scène politique de ces pays que ces nouveaux entrants ont amené, entraînant la disparition de certains partis anciens3, ce qui a eu pour effet secondaire de passablement déstabiliser l’opposition. Le meilleur exemple de ces nouveaux partis étant le Movimiento Al Socialismo (MAS) de Morales qui est en réalité une fédération d’organisations sociales.

Ce parti prend principalement ses racines dans deux origines diverses : la révolution populaire (marxiste) en Bolivie de 1952 et le mouvement indianiste katariste des années 704. Le MAS est construit comme un carrefour de ces idéologies. Non comme un parti issu d’une convergence de ces mouvements, ce qui conduit donc parfois à leur opposition. D’ailleurs, en définitive, la révolution voulue par le MAS de Morales tient plus à une revalorisation des différentes ethnies boliviennes qu’à un mouvement révolutionnaire marxiste et anticapitaliste comme nous le verrons.

Correa de son côté, a lui aussi émergé d’une formation politique nouvelle (Allianza Pais), issue d’alliances de différents camps progressistes. Il faut donc comprendre que dans ces contextes de crises politiques, ces figures emblématiques ont été portées “par des mouvements hétérogènes dont la cohésion reposait moins sur une compatibilité réelle que sur une certitude : le retour d’une véritable démocratie constituait un préalable indispensable”5.

Ce qu’on peut donc d’ores et déjà cerner, c’est que ces mouvements fonctionnent sur la base du consensus et ne sont donc pas totalement unis ou solidifiés. Autre point important : ils n’ont pas supprimé les problèmes de corruption ou de clientélisme. Ces partis restent trop souvent des moteurs d’ascension sociale pour certains secteurs de l’appareil d’état6.

Réforme de la constitution

Autre similarité entre les trois hommes d’état : ils ont tous fait ré-écrire et voter une nouvelle constitution. Ces nouveaux textes se veulent généralement plus équitables en matière de droits sociaux bien sûr mais aussi environnementaux. En Bolivie la nouvelle constitution votée en 2008 par 63,93% des voix, reconnait les droits des populations indigènes, au même titre que les droits de la nature, visant à l’harmonisation et à la coexistance citoyenne, caractéristique forte du mouvement de Morales (lui-même premier président indigène de Bolivie); et redéfinit de fait la Bolivie comme un état pluri-national. Cela ne va bien sûr pas sans heurts puisque les peuples indigènes et leurs revendications ne vont pas toujours de pair avec le gouvernement de Morales. Malgré les progrès indéniables portés par ces nouvelles constitutions, elles annoncent également certains échecs à venir comme pour la question de la protection de la Terre. L’exemple de Correa est frappant puisqu’il fait inscrire le premier les droits de la Terre dans la nouvelle constitution équatorienne mais se retrouvera par la suite forcé de vendre des parcelles de forêt amazonienne aux chinois afin qu’ils en puisent les matières premières de ses sols.

Anti-impérialisme/ anti-libéralisme 

Mais avant d’aborder la question du partenaire commercial principal de ces mouvements, il faut bien comprendre que ces hommes sont arrivés au pouvoir pour combattre un ennemi commun : l’impérialisme occidental et le néolibéralisme qui prennent généralement les traits des Etats-Unis et de la bourgeoisie locale. A l’instar de Chavez, le mouvement de Morales, s’il s’inspire du marxisme et de la lutte des classes, prend réellement ses bases dans la revendication de l’identité indienne des classes opprimées, dans l’affirmation de leur “bolivianisme” face aux blancs, aux classes aisées, aux néo-libéraux qui constituent une sorte d’anti-nation pillant les ressources nationales pour alimenter le grand capital7. Cette lutte va donc naturellement passer en premier lieu par une réappropriation de ces ressources naturelles. En Bolivie, Morales renégocie les contrats concernant l’exploitation des hydrocarbures et obtient qu’un partage des bénéfices de 70-30% qui bénéficiait jusqu’alors aux entreprises soit désormais inversé en faveur de l’état8. Il nationalise également à tour de bras (hydrocarbures, électricité, télécoms, aéroports, mines) tout en parvenant à trouver un terrain d’entente avec le patronat9. On note des actions relativement similaires pour Correa, mais ce n’est pas tout.

Ce retournement vis à vis des Etats-Unis et de leurs multinationales s’est également fait de deux autres manières. Tout d’abord, aux renégociations commerciales s’ajoute un rejet militaire et d’entre-aide à la lutte contre le narcotrafic. L’Equateur de Correa a refusé de renouveler les baux des bases aériennes utilisées à ces fins par les Etats-Unis10 tandis que Morales a carrément bouté les représentants de la DEA (Drug Enforcement Administration), les bases militaires et l’ambassadeur des Etats-Unis hors du pays. Il explique ne plus tolérer leurs manières policières et ajoute qu’étrangement, depuis, les conspirations dans son pays ont diminué11. Enfin, la principale manière dont ces gauches ont accentué leur écart relatif de l’hégémonie américaine reste bien sûr le choix d’un nouvel allier commercial : la Chine mais nous devons aborder un dernier point avant d’y venir (sois patient ami lecteur).

Améliorations sociales importantesPoppersMag_Heritiers_Portraits_OK2

Car il s’agit avant cela de dresser le bilan économique et social concret de ces gouvernances progressistes. Tout d’abord, il est impossible de ne pas mentionner le fait que pour la première fois dans l’histoire, la région comporte un nombre de personnes appartenant aux classes moyennes plus grand que ceux qui sont encore dans la pauvreté12. En Equateur, le niveau de pauvreté est passé de 38% en 2006 à 29% en 201313. Economiste de formation, Rafael Correa a restructuré la dette publique équatorienne pour la faire redescendre à moins de 30% du PIB14. Autre fait marquant, outre une réussite économique importante (en terme de croissance notamment), Correa a inversé le flux migratoire de son pays : au lieu d’en partir, les gens reviennent désormais en Equateur15.

Morales n’est pas en reste de son côté. Outre une “chute de la pauvreté de 25 %, un relèvement du salaire minimum réel de 87 %, la baisse de l’âge de la retraite et une croissance supérieure à 5 % par an”16, le président bolivien est parvenu à multiplier le PIB “par trois entre 2005 et 2013, passant de 9,5 à 30,3 milliards de dollars”17. Le tout en refusant d’appliquer les recommandations du FMI et de la Banque Mondiale. Cependant, malgré des bilans plus qu’impressionnants (faites l’exercice avec nos chefs d’état et comparez, vous verrez, c’est très rigolo…), il faut garder en tête le fait que ces pays restent parmi les plus pauvres du monde et souffrent actuellement d’un contre-coup économique monstrueux. Rome ne s’est pas faite en un jour.

Forte dépendance aux matières premières et au marché chinois

En effet, ces modèles, même s’ils ont de quoi faire rêver et constituent des avancées sociales et politiques d’une ampleur jamais vue dans le monde, trimballent leur lot de défauts. A commencer par cette dépendance à la vente de matières premières liées à la croissance du client numero uno : la Chine.

La vente d’hydrocarbures représente 68% du PIB bolivien18 tandis que de son côté, le voisin équatorien exporte plus de 90% de son pétrole à la Chine19. Si le boom des matières premières lié à la croissance chinoise du début des années 2000 a permis les redressements politiques et sociaux que nous avons mentionnés, il a aussi ouvert la porte à une reprimarisation des économies d’Amérique latine au détriment de l’industrialisation, favorisant de fait l’importation de produits manufacturés dans ces pays20. Globalement, ceux-ci ont développé une forte dépendance à la vente de matières premières sans pour autant renforcer leur industrie ce qui les pousse à acheter les biens de consommation dont ils ont besoin à l’étranger. Cela signifie que tout, plus ou moins, s’effondre au premier choc pétrolier venu, comme ce fut le cas récemment. Autre problème : le développement impressionnant de l’extractivisme remet en cause les engagements pris par Correa vis à vis de l’environnement dans la nouvelle constitution équatorienne21. Le phénomène entraîne une mobilisation des minorités indigènes contre les gouvernements du fait de la difficulté de ces derniers à tenir tous leurs engagements vis à vis de l’extractivisme. On comprend donc les difficultés rencontrées par ces pays dont l’économie repose trop sur leur richesse en matières premières et pas assez sur une industrie solide.

Dépendance au charisme d’un seul

De plus, un autre problème se pose depuis la mort de Chavez et le terme approchant des mandats de Morales et de Correa : comment ces mouvements peuvent-ils survivre à leurs leaders? Du côté bolivien, on voit bien le problème d’un président actif sur tous les fronts. Le mouvement de Morales dépend trop largement de lui et de sa personnalité. Il est encore le chef du MAS, assiste à toutes ses réunions et il coordonne lui-même le changement via son parti et le gouvernement22 (sans parler de son poste d’avant-centre dans une équipe de football bolivienne professionnelle…). Côté équatorien, des cissions s’opèrent entre Correa et les membres d’Allianza Pais, son tempérament de feu n’arrangeant pas les choses. Pour exemple les tensions enregistrées fin 2013 dans son propre parti lors de discussions concernant l’autorisation de l’avortement dans le cadre d’un nouveau code pénal. Défavorable à l’idée, Correa menace tout de suite de démissioner si cette mention passe et fait ainsi renoncer les députés de sa majorité23.

Regain de force de l’opposition

Ajouté à cela, la pression toujours plus grande de l’opposition qui s’est remobilisée depuis. Tout d’abord, en dépit de victoires électorales importantes remportées par ces nouveaux venus de la scène politique sud-américaine, il faut bien comprendre que l’opposition n’a pas disparu et continue d’user de ses nombreux pouvoirs pour remettre la main sur l’état. Morales a rencontré une résistance farouche et virulente, parfois même violente de la part de la bourgeoisie bolivienne lors des séances de refonte de la constitution24 tandis que Correa, comme Chavez, a essuyé une tentative de coup d’Etat25 et fait toujours face à des mouvements de rue exigeant sa démission. Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, Renaud Lambert nous explique que dans ” les pays où les dictatures ont réprimé les organisations communistes, où le néolibéralisme a pulvérisé les rares bastions ouvriers et où les médias demeurent aux mains du secteur privé, le fond de l’air n’est pas plus rouge qu’ailleurs”26. Il est donc chimérique d’imaginer qu’il est possible de s’appuyer uniquement sur les franges radicalisées de la population. Le consensus semble inévitable sans toujours savoir ce qu’il va apporter.

D’autre part, si l’une des vertues de la démocratie est de remettre le pouvoir en jeu régulièrement, un calendrier électoral chargé a également pour effet de contraindre les dirigeants à faire passer la mise en œuvre de leur programme au second plan afin de lutter contre une opposition qui bénéficie du soutien des médias et du patronat27. Pour contrer une partie de cette opposition, la loi équatorienne a réparti le spectre audiovisuel en trois : un secteur privé de 33%, un secteur public de 33% et un secteur communautaire et associatif de 33% également. Ce à quoi on a accusé Correa de crime contre la liberté d’expression28

Bref, on voit là une infime partie du lot important de difficultés et d’aversaires en tous genres auxquels font face ces dirigeants politiques. Et qui mieux que Nicolá Maduro pour symboliser toutes ces difficultés.

Le Venezuela de Maduro

PoppersMag_Heritiers_Portraits_OK3En effet, le digne héritier de Chavez au Venezuela a vu s’abattre sur lui la tempête plus qu’aucun autre. Si la mort de Chavez a été un coup très dur au mouvement révolutionnaire vénézuélien, elle a aussi permis d’en mieux cerner les lacunes. Et l’opposition s’est empressée de s’engouffrer dans la brèche.

Avant toutes choses, là encore, il est important de comprendre que Maduro, ancien ministre puis vice-président et proche de Chavez, a lui aussi été élu démocratiquement à 50,7% des voix en 2013. Malgré cela, le nouveau président vénézuélien enregistre une certaine perte de terrain face à l’opposition à mettre en relief avec le manque de cohésion de cette opposition.

L’opposition vénézuélienne

Depuis le bouleversement opéré par Chavez sur la scène politique vénézuélienne, la droite modérée d’Henrique Capriles s’est adaptée et tient désormais des discours populistes, estimant que la clé du changement se trouve dans les barrios et “les méthodes traditionnelles de militantisme”. On retrouve donc des thèmes et des méthodes utilisés par Chavez et ses hommes, employés cette fois par ce même Capriles qui a participé au coup d’état raté de 2002 contre Chavez29. De son côté, Maduro poursuit sans succès l’effort commencé par Chavez de rassembler les patrons vénézuéliens et de créer une union visant à relancer la productivité nationale. On en revient ainsi au problème du consensus : “Ou l’Etat prend les choses en main et accepte l’épreuve de force avec la bourgeoisie, ou il tente de la convaincre de bien vouloir jouer le jeu, sans être certain qu’elle accepte”30. La droite qui se comporte comme la gauche et cette même gauche qui tente de se rabattre sur le patronat. Voilà comment le 6 décembre 2015, l’opposition vénézuélienne remporte sa première victoire électorale depuis plus de 15 ans avec 67% des sièges à l’assemblée nationale. “Cette majorité des deux tiers lui assure des pouvoirs d’une ampleur inédite depuis la première élection à la présidence d’Hugo Chavez le 6 décembre 1998” 31.

Toutefois, cette victoire est à prendre avec des pincettes pour deux raisons. La première c’est que si la droite a triomphé c’est aussi et surtout du fait d’une large abstention de l’électorat chaviste, épuisé par une crise économique épouvantable. La deuxième c’est que l’opposition reste extrêmement réactionnaire et très divisée, malgré sa victoire parlementaire. Elle peut très rapidement reperdre sa majorité. N’en reste pas moins que cette élection représente un coup dur porté à la (im)popularité de Maduro et ses hommes. L’actuel dirigeant vénézuélien s’est d’ailleurs remobilisé depuis et tente de rétablir le contact avec les mouvements chavistes et la population.

Enfin, dernier point mais pas des moindres : la situation économique du Venezuela joue fortement en faveur de l’opposition comme nous allons le voir. Dans un contexte de choc pétrolier, les rentes du Venezuela ont fortement chuté, entraînant une crise économique dure. Une aubaine pour les Etats-Unis qui n’hésitent pas à soutenir l’opposition tout comme ils l’avaient fait lors de la tentative manquée de coup d’état en 2002. D’autre par, cette pression est accentuée par la multiplication d’accords de libre échange entre l’ogre états-uniens et les pays voisins alliés (Colombie, Chili, Pérou…) et avec l’équivalent Pacifique du TAFTA qui a pour but de briser le MERCOSUR de Chavez et de ses partenaires. Les Etats-Unis parasitent ainsi une entente commerciale potentielle entre ces pays qui aurait pour effet d’atténuer les effets de cette crise, mais aussi et surtout, ils barent du même coup l’accès direct à la Chine, leur client principal32.

Les conséquences d’une politique économique centrée sur les recettes issues de la vente des matières premières

On peut donc observer les conséquences de la dépendance de ces pays aux rentes occasionnées par les matières premières dont les ventes reposent principalement sur la croissance économique de la Chine. “Le prix des matières premières a chuté de 40% depuis 2010; celui du pétrole de 60% entre juin 2014 et janvier 2015”. Sans surprise donc : “en 2015, la production de richesses devrait avoir stagné en Equateur et en Argentine, reculé de 3% au Brésil et dévissé de 10% au Venezuela”33 ce qui a entraîné une ré-augmentation de la pauvreté au Venezuela, passée de 25,4% à 32,1% entre 2012 et 201334. La situation de la dépendance au pétrole vénézuélien rappelle celle de Cuba et la cane à sucre aux débuts de sa révolution : les cubains ont dû faire machine arrière et renoncer à la rente occasionnée par la vente de sucre pour pouvoir développer d’autres secteurs, favorisant le long terme. Cela dit, ces sacrifices sont extrêmement difficiles à avaler pour les populations (déjà très pauvres) et l’opposition n’hésite pas à s’emparer de ces difficultés pour paralyser l’économie et l’opinion publique35. On comprend donc qu’une fois l’homme fort tombé, Maduro se retrouve face à des difficultés d’ampleur que le passé et le charisme de Chavez permettaient de contenir un peu mieux.

La corruption

Autre conséquence de ces économies rentières basées sur les matières premières : la corruption et les trafics. Comme on l’a vu, ces pays ne produisent rien ou peu et doivent importer la majeure partie des biens qu’ils consomment. D’où les dérives qu’on connait aujourd’hui au Venezuela. Un choc pétrolier a des conséquences désastreuses sur l’économie du pays (dont le pétrole non raffiné représente 80% des exportations). L’opposition se sert bien sûr de cette dépendance pour dénoncer les politiques des gouvernements progressistes. Cela dit, il est important de rajouter qu’en ce qui concerne les pénuries enregistrées au Venezuela, Janette Habel n’hésite pas à dénoncer des stratégies de sabotage très claires des grandes entreprises afin de faire peser la pression populaire sur le gouvernement 36. On voit là encore qu’une fois l’homme providenciel tombé, il est de nouveau possible de manipuler les masses orphelines de leur idole.

Le Venezuela et ses alliés sont donc dans une situation d’impasse stratégique. Si l’on a abordé une partie des raisons qui expliquent la situation actuelle (économie extractiviste primarisée, regain de force d’une opposition appuyée par les multinationales, les médias locaux et les Etats-Unis), d’autres explications nous sont apportées par l’Uruguay de José Mujica.

L’Uruguay de José Mujica

PoppersMag_Heritiers_Portraits_OK4Mais avant toutes choses, des présentations s’imposent. Mujica est un ancien révolutionaire. Il faisait partie de la guerrilla gauchiste des Tupamaros dans les années 70, à la suite de quoi il a passé deux ans et demie emprisonné dans un puit dis-donc… Pour ces raisons et tant d’autres, Mujica est atypique. Elu en 2009 pour 5 ans, il a refusé de loger au palais présidentiel, préférant sa petite maison de tôle dans un quartier populaire de la capitale, reversant 87% de son salaire présidentiel à des organismes d’aide au logement social. “Pepe”, comme il aime à se faire appeler, est un président qui prend le bus pour se rendre à ses rendez-vous37. Malgré cela, sous son mandat, le chômage a baissé en Uruguay et le PIB augmenté38.

L’exceptionnalisme de l’Uruguay sur un continent freiné par l’église catholique

Mujica vaguement présenté, il s’agit également de comprendre la situation de ce petit pays d’Amérique du Sud. Car l’Uruguay fait figure d’exception sur le continent. Il s’agit d’une petite nation étrange d’à peine plus de 3 millions d’habitants qui a voté le droit au divorce et la laïcité de l’état il y a déjà bien longtemps. Puis, plus récemment, le droit à l’avortement et la légalisation du cannabis sous Mujica. On est donc loin du traditionalisme catholique des autres états sud-américains. Autre point important : l’Uruguay ne possède pas ou peu de ressources naturelles mais c’est un paradis fiscal. Des éléments à ne pas prendre à la légère dans une comparaison avec les pays précédemment évoqués. Cela dit, nous allons voir en quoi le message et la critique de Mujica restent à propos.

Anti-impérialisme et refus d’obtempérer face aux grands institutions internationales

Tout d’abord, avec son passé de révolutionnaire, on pourrait supputer que Mujica partage avec Correa, Morales et Maduro une passion commune pour l’anti-impérialisme primaire. Et on aurait raison. Tout comme ses coreligionnaires, le président uruguayien n’a pas hésité à faire affront aux recommandations des plus hautes instances internationales notamment à travers la légalisation du cannabis en Uruguay, une des mesures phare de son mandat. Une autre preuve s’il en est qu’il est possible de déroger aux traités de l’ONU et d’obtenir des résultats probants. Mujica résume les choses ainsi : “Cela fait plus de 100 ans que, d’une façon ou d’une autre, nous menons des politiques répressives sur la question des drogues. Et après 100 ans, nous avons conclu qu’elles se sont soldées par un incontestable échec”39. On aperçoit là un avant-goût de la pensée de Pepe qui se caractérise par une simplicité et une limpidité à l’épreuve de toute contestation possible. Si quelque chose ne fonctionne pas, alors il faut faire autrement. Il est à noter que la légalisation et commercialisation du cannabis est contrôlée par l’Etat à l’inverse de la démarche purement économique et entrepreunariale des Etats-Unis dont le but reste le profit et l’expension40.

Remise en cause du libre échange et du capitalisme

Mais là où Mujica se détache quelque peu de Chavez et de ce que j’ai un peu maladroitement appelé ses “héritiers”, c’est dans sa critique du libre échange et du capitalisme (notamment en ce qui concerne les enjeux écologiques). Là où les autres ont “simplement” essayé de renverser les rapports de force d’un système en tentant d’établir de nouveaux partenariats commerciaux entre les pays d’Amérique latine (chose admirable dans la mesure où ces stratégies ont bien souvent payé pour le plus grand nombre dans ces pays), la critique de Mujica est légèrement plus sévère, intransigeante. Pour lui, il est indispensable d’organiser une sortie du modèle capitaliste.

Si on retrouve le même genre de critique chez les autres, on constate par exemple, dans le cas de Rafael Correa, que s’il “se fendait d’un réquisitoire sans concession contre le libéralisme (en 2013) lors d’une conférence à la Sorbonne, à Paris. Un an plus tard, il signait un accord de libre-échange avec l’Union européenne”41. Cette contradiction s’explique bien évidemment par un contexte économique et politique tendu puisque Correa était alors dos au mur. L’économie équatorienne dépend de l’exportation de nombreux produits parmi lesquels la banane tient une place de choix. Et la denrée en provenance d’Equateur compte pour 30% de ses ventes à l’Europe. Or elle figure également sur la liste des exportations de la Colombie et du Pérou qui eux n’ont pas hésité à signer des accords de libre-échange avec Bruxelles. Résultat : les ventes de bananes équatoriennes à l’étranger ont reculé de 25%. Inutile de préciser que Bruxelle ne s’est pas embarrassé à négocier quoi que ce soit avec Correa qui a fini par signer les accords en dépit de ses déclarations42… Cette tendance à l’assouplissement des vues sur le libre échange se retrouve même à Cuba, autrefois symbole régional de la lutte contre l’impérialisme, qui commence à assouplir ses positions. Concernant Morales, si celui-ci prétend que le capitalisme est le “pire ennemi de l’humanité”, son programme ne se détache pas non plus de ce système économique43, ce qui pose de vraies questions.

Qu’est-ce que ces contradictions nous montrent? Premièrement, qu’il est évident que si tous ces hommes partagent la même analyse sur le capitalisme, il n’est pas si simple d’en sortir à l’heure actuelle. L’urgence de la situation de peuples déjà pauvres fait pendre une épée de Damoclès au dessus des têtes de ces dirigeants progressistes. Ce qui nous amène à un second point soulevé là encore par Mujica.

Le problème, c’est le peuple…

Pour le président uruguayien, si la démocratie est un préalable indispensable à tout changement, il faut également être conscient de ses limites. Ce n’est pas tant le système démocratique en lui-même qui est critiqué mais les dérives qu’il engendre. Le premier point qu’on peut soulever, c’est le problème de l’accession au pouvoir de manière démocratique. On l’a vu, tous ces mouvements se sont faits par l’intermédiaire du vote citoyen. Si cela présente l’avantage d’éviter les bains de sang, cela ne va pas sans quelques contraintes. A commencer par la “bureaucratisation” des élus qui ont tendance à se concentrer plus sur les élections à venir que sur les politiques à mener, perdant ainsi contact, petit à petit, avec la société et le peuple qui les ont élus44. Sur ce point, l’Uruguay fait là encore figure d’exception puisque les mandats présidentiels ne durent que 5 ans et sont non-renouvelables.

Mais le problème majeur reste le rapport qu’entretient le peuple avec la société de consommation. “Interrogé sur les raisons pour lesquelles il n’était pas allé plus loin dans la transformation de son pays, l’ancien président uruguayien José “Pepe” Mujica a répondu : “Parce que les gens veulent des iPhone (10)“. Etre pauvre n’implique pas que l’on soit révolutionnaire” 45. Si l’exemple de Mujica dans la lutte contre un système inégalitaire est marquant, c’est également parce qu’il dépasse la simple critique économique et s’étend dans la sphère du philosophique, du rapport à soi, à autrui, de la recherche du bonheur et d’une certaine harmonie avec la nature. Par son comportement et sa vie de lutte, Mujica semble souligner la nécessité pour le peuple de renoncer à certains aspects attractifs de cette société. Pepe symbolise en quelque sorte le refus du consensus face à un système qui nous mène tout droit vers un avenir peu glorieux.

Un autre chemin possible

Que faut-il retenir de cet amas d’informations? Tout d’abord, que le changement en faveur du plus grand nombre est possible, que de tenir tête aux ogres que sont les pays riches et leurs organisations (FMI, ONU, Banque Mondiale…) l’est également et ces pays en sont la preuve. Comme le fait remarquer Pierre Carles, il y a une certaine arrogance de nos pays occidentaux à ignorer ce qu’il se passe en Amérique latine, et une incapacité à tirer des enseignements de ces pays pauvres et historiquement conquis46. Or, il s’agit de bien garder en tête les accomplissements pharaoniques de ces gouvernements mis en place en une petite quinzaine d’années et la manière dont ils sont parvenus à tenir leurs adversaires, leurs oppresseurs à distance tout ce temps là. Leurs conquêtes ne sont pas à négliger et devraient tout au moins nous inspirer, sinon nous inculquer qu’il existe d’autres chemins que ceux que nos gouvernements et nos intellectuels médiatisés semblent préconiser. Ce que ces révolutions politiques ont accompli, outre la majeure partie des promesses sociales tenues, c’est la disloquation des termes de “pouvoir” et “gouvernement” : “Il est devenu clair –dans les faits- que « gouvernement » et « pouvoir » ne sont pas synonymes, qu’il n’est pas possible de les affronter en même temps ni de la même façon. Les révolutions démocratiques ne sont pas synonymes de la « voie pacifique » d’autrefois. Elles supposent l’approfondissement de conflits politiques comme véhicules de la lutte des classes, ceux-ci étant fortement liés à une profonde bataille d’idées, tant politique que culturelle”47.

Cela dit, et comme nombre d’observateurs l’ont fait remarquer, il faut maintenant reconnaître que ces mouvements sont arrivés à un pallier qu’il s’agit désormais de passer afin de stabiliser leurs acquis et avancer vers la suite. Et pour ce faire, il faut être conscient des failles que ces mouvements comportent. Si aujourd’hui, on a le sentiment que les progressistes sud-américains sont déboussolés, qu’ils parlent maintenant de s’inspirer du Podemos espagnol qui s’inspirait lui-même des succès de la gauche latino-américaine (le serpent se mord la queue)48, c’est bel et bien parce que le mouvement doit faire son auto-critique et se rassembler pour franchir ce cap.

Si pour certains, “La clé réside dans le fait d’ancrer les processus dans la participation active des citoyens. Une nouvelle époque sociale, politique et culturelle s’est bâtie : ce qui suppose de nouvelles missions dont la réalisation doit se marier avec l’action populaire”49; Mujica nous fait lui remarquer, que le problème vient peut-être aussi de ce même processus démocratique et de la manière dont il est influencé notamment par la société de consommation qui met un frein à une volonté populaire de réel changement. Par ailleurs, nous avons vu que le processus électoral a tendance à éloigner les dirigeants de leur base électorale. Comme le dit très bien Renaud Lambert, “Lorsque la tactique – concevoir les élections comme une étape vers la transformation du monde – se mue en stratégie – adapter ses convictions à l’objectif électoral-, l’ambition politique s’effiloche”50.

Autre contradiction du processus, l’amélioration des conditions des plus pauvres les poussent parfois à se tourner vers l’opposition. Comme cela fut résumé par des progessistes argentins : “1. La droite détruit les classes moyennes; 2. Les classes moyennes paupérisées votent en faveur d’un gouvernement populaire; 3. Elu, ce gouvernement améliore le niveau de vie des classes moyennes; 4. Les classes moyennes s’imaginent qu’elles font partie de l’oligarchie et votent à droite. Retour à la case départ.” Ce phénomène est également résumé par une annecdote racontée par l’ambassadeur du Venezuela à Paris (Héctor Michel Mujica Ricardo) : à la veille de l’élection de 2013, une femme d’un quartier populaire incarnant la tranche de population ayant le plus bénéficié des “politiques redistributives ambitieuses du gouvernement” raconte : “Avant, je vivais dans la misère. C’est grâce à Chavez que j’en suis sortie. Maintenant que je ne suis plus pauvre, je vote pour l’opposition”51.

Ces failles sont du petit lait pour une opposition prête à tout, ce qui a une autre conséquence désastreuse. Le retour en force de l’opposition néo-libérale dans certains pays a placé une nouvelle priorité à l’agenda des gouvernements progressiste : conserver les acquis. Mais cette priorité entraîne le ralentissement d’un mouvement dont la force était d’être sans cesse en mouvement : “pour conserver ce qui a été conquis et pour maintenir les processus de changements, il est nécessaire de les renforcer, de les approfondir. Ce n’est pas par des accords entre groupes de pouvoir, ni en cherchant des alliances avec des secteurs opposés aux changements qu’on y parvient; l’exemple du Brésil est plus qu’éloquent à cet égard”52.

La clé se situe peut-être ici, dans le fait que le mouvement a cessé d’en être un et qu’il doit maintenant muer en quelque chose de nouveau, quelque chose qui lui rendrait sa dynamique originelle et continuerait d’enfoncer le clou dans une lutte sans merci face au capitalisme et à ses ravages. Une chose est sûre : ces mouvements progressistes ont constitué une bouffée d’air frais dans le monde entier. Et si l’opposition tente aujourd’hui de les asphyxier, une brèche a été ouverte et il ne s’agit plus de reculer.

Illustration : J.Bardaman

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Références

  1. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 2:30)
  2. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 6:10)
  3. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 41:30)
  4. Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie (Hervé Do Alto & Pablo Stefanoni – Raisons d’agir)
  5. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  6. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 43:50)
  7. Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie (Hervé Do Alto & Pablo Stefanoni – Raisons d’agir)
  8. Où en est l’Equateur de M. Rafael Correa? (Jean Ortiz – La Valise Diplomatique)
  9. Evo Morales: un provocateur tranquille (Patrick Bèle – Le Figaro.fr)
  10. Profile : Ecuador’s Rafael Correa (bbc.com)
  11. Talk to Al-Jazeera – Evo Morales : A Bolivian Idol (circa 9:00)
  12. Commodity boom extracting increasingly heavy toll on Amazon forests (Nick Miroff – The Guardian)
  13. Profile : Ecuador’s Rafael Correa (bbc.com)
  14. Opération Correa(1) : Les ânes ont soif (Pierre Carles circa 14:35)
  15. Opération Correa(1) : Les ânes ont soif (Pierre Carles circa 8:50)
  16. Saviez-vous qu’en Bolivie…? (Serge Halimi – Le Monde Diplomatique)
  17. Evo Morales : un provocateur tranquille (Patrick Bèle – Le Figaro.fr)
  18. Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie (Hervé Do Alto & Pablo Stefanoni – Raisons d’agir)
  19. Commodity boom extracting increasingly heavy toll on Amazon forests (Nick Miroff – The Guardian)
  20. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 25:50)
  21. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 27:40)
  22. Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie (Hervé Do Alto & Pablo Stefanoni – Raisons d’agir)
  23. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  24. Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie (Hervé Do Alto & Pablo Stefanoni – Raisons d’agir)
  25. Où en est l’Equateur de M. Rafael Correa? (Jean Ortiz – La Valise Diplomatique)
  26. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  27. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  28. Opération Correa(1) : Les ânes ont soif (Pierre Carles circa 17:55)
  29. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  30. Une dépendance aux matières premières jamais résolue (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  31. Avi de tempête au Venezuela (Gregory Wilpert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  32. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 57:00)
  33. Une dépendance aux matières premières jamais résolue (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  34. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  35. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 33:10)
  36. Les gauches gouvernementales en Amérique latine : 1er bilan (Janette Habel circa 35:45)
  37. Pourquoi l’Uruguay légalise le cannabis (Johann Hari – Monde Diplomatique)
  38. Vice Podcast Special with José “Pepe” Mujica (circa 8:25)
  39. Pourquoi l’Uruguay légalise le cannabis (Johann Hari – Monde Diplomatique)
  40. Vice Podcast Special with José “Pepe” Mujica (circa 7:20)
  41. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  42. Trahison? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  43. Nous serons des millions, Evo Morales et la gauche au pouvoir en Bolivie (Hervé Do Alto & Pablo Stefanoni – Raisons d’agir)
  44. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  45. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  46. Opération Correa(1) : Les ânes ont soif (Pierre Carles circa 18:35)
  47. Gouvernements populaires en Amérique Latine “fin de cycle” – Venezuela infos
  48. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  49. Gouvernements populaires en Amérique Latine “fin de cycle” – Venezuela infos
  50. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  51. Amérique latine, pourquoi la panne? (Renaud Lambert – Monde Diplomatique N°742- Janvier 2016)
  52. Gouvernements populaires en Amérique Latine “fin de cycle” – Venezuela infos

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3 Commentaires - Amérique Latine : L’axe du mal – Les héritiers de Chavez

  1. helene dit :

    Quel article!! Très instructif.Bravo!

  2. Clem dit :

    Excellente analyse, travail de fond, recherche, équilibre entre objectivité et subjectivité: bravo !

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